Témoignages


Laissons la parole à Salomon lui-même puis aux galeristes qui lui ont fait confiance, aux historiens d'art, critiques, écrivains, poètes, collectionneurs et amis.

Salomon, dans son atelier à Fresneaux-Montchevreuil, Oise – septembre 2020

Je peins pourquoi ? Peut-être est-ce un besoin de me connaître mieux, d'essayer de laisser une trace… J'ai cherché à être moi-même. Sans doute un fond de mélancolie et d'anxiété, certainement une compassion m'ont poussé à peindre.
J'ai voulu retrouver l'essence et l'origine des choses et refaire un monde nouveau !
Mais plus l'on trouve plus les résultats s'éloignent. C'est le gouffre qui nous attire… Je creuse mon trou, sachant qu'il n'y a pas de fin. C'est le charme de ce passage sur terre.

Salomon,Catalogue 2008

Les formes et les couleurs pour le peintre comme les mots pour l'écrivain ne suffisent pas. C'est l'expression de la réalité qui m'intéresse et non la réalité elle-même.
Mon propos est d'émouvoir et de chanter ma propre chanson….

Une femme nue, dépouillée. Elle est proche de la terre, encore à peine ébauchée ; Eve douloureuse et pourtant prête à s'envoler, en marche vers un destin qui l'angoisse et qu'elle refuse souvent en geste de repli.
C'est ainsi que j'essaye de parler de l'Homme avec tendresse et compassion, de le montrer avec ses fêlures, ses blessures, ses angoisses, ses drames, mais aussi sa gravité ou sa sérénité et souvent sa sensualité.
Je l'exprime dans sa forme, sa matière sur lesquelles jouent l'ombre et la lumière qui les cassent et les déforment. Le dessin d'abord, mais un dessin effacé par endroit, détruit par l'intensité de la couleur.
Là est tout mon travail.

Salomon,Catalogue 2013

L'atelier de Fresneaux-Monchevreuil, Oise


Un élément dans cet accrochage mérite l'attention. C'est Jean-Claude Salomon dont la matière un peu épaisse est chatoyante et dont l'esprit sait très bien tirer parti du climat pauvre de ses sites. Cela m'étonnerait que Salomon ne perça pas et ne devint pas un peintre de premier plan. Il a quelque chose à dire.

Jean Bouret,Salon des Jeunes peintres, 1950

.. Il est brillant dans sa manière d'atteindre son but technique sans se défaire de sa tendance stylistique expressionniste : touches rapides, nerveuses, fouillant le support, hachurées, dessinant et coloriant simultanément…
Dans les paysages, cette technique semi-classique trouve avec la profondeur de champs de quoi valoir comme méthode efficace pour "sensibiliser" l'éloignement, multipliant ses reflets lumineux, le revêtant d'étrangeté, ainsi que d'une présence dans l'œil d'un charme exquis…
C'est dire que Salomon est capable de mettre sa virtuosité plastique au service d'un esprit littéraire exaltant le goût des voyages et la richesse lumineuse de la nature.

Mondher Ben Milad,Les Cahiers de la peinture, 1983

Salomon ne peint pas seulement un objet, une table, des fruits, il en extrait la quintessence qu'il intègre dans l'espace pictural où ces objets prennent une densité quasi magique. Leur matière nacrée ou floue constitue le sujet de la toile. Il est un peintre réaliste certes ; il est même plus que réaliste, car la réalité qu'il recherche n'est pas celle visible et apparente mais celle dissimulée à l'intérieur des choses et que l'on ne peut que ressentir. C'est l'expression des choses qui intéresse Salomon.
L'espace baigne les objets de lumière qui les traverse et casse leur forme réelle. L'espace recréé est un espace fictif où le jeu de la lumière établit les distances entre les plans.

Gérard Xuriguera,"Le Dessin, le Pastel, l'Aquarelle dans l'Art contemporain", Paris, Edition Mayer, 1990

Par un subtil cheminement, vraie pétition de principes qui inclut la fin dans les moyens, Jean-Claude Salomon se crée une écriture picturale allusive, une matière fluide, une couleur transparente, afin de réserver toute la consistance possible de l'œuvre à l'opposition de la lumière et de l'ombre, l'ombre dont à son tour le rôle est de rendre la lumière la plus fluide possible, la lumière étant, qu'il s'agisse de nus ou d'objets de natures mortes, le seul vrai sujet de sa peinture.
Valérie Salomon en écrit "les objets en tant qu'objets n'ont plus d'importance, ils ne sont qu'un prétexte au véritable sujet de la toile qui est l'expression de l'émotion que peut susciter en nous leur présence."

J. Bénézit 1999,Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs - Paris, Grund, 1999 (4e édition), T. XIV, p.225

Sur la toile, la rencontre des ondes lumineuses avec les pigments crée la couleur par une mystérieuse alchimie qui semble obséder Jean-Claude Salomon.
Toutes ses œuvres, en effet, s'attachent à illustrer ce phénomène au travers de la recherche d'éclats fugitifs qu'il rend par de savants dégradés, reflets de son humeur autant que de l'air du temps.
Partant à priori d'une tâche très forte (bleu foncée, rouge, jaune ou même noir), il peint dans une transe rapide une femme nue, un bouquet, plus rarement un paysage, trop complexe pour un "instantané".
Pris par le temps, il dispose ses tons à côté de son sujet, comme note au bas d'une page d'écriture, technique autrefois chère à Raoul Dufy.
L'essentiel étant dit, il surimprime son modèle d'une notation stylisée. Cela donne l'impression que ses fleurs ou ses nus sont mouillés, qu'ils sont ornement d'un vaste aquarium qui cristallise les rayons du jour.
Impression renforcée par sa matière, dont les ponctuels empâtements se fluidifient en gagnant les bords du tableau et par la richesse de ses couleurs. Elles évoquent un fond marin, où dansent aux grés des courants de longues algues aussi étirées que les bras de ses femmes ou les tiges de ses fleurs.
Salomon emploie pour ces recherches une palette voisine de celle de Georges Rouault mais avec une légèreté qui évoque Matisse.
Si je cite à propos de notre artiste de grands noms de la peinture moderne, c'est qu'il tente une synthèse de ses principaux courants, son humanisme chatoyant lui permettant de se lancer à la recherche du "temps perdu" tout en développant sa propre vision d'un Art tonique, coloré, heureux.

Pierre Larock,Galerie Larock Granoff, 1999 - texte du carton d'invitation

Les toiles de Jean-Claude Salomon ne se découvrent pas d'un seul regard.
Il faut pénétrer à l'intérieur du tableau, caresser les formes, au départ affirmées, mais transpercées, déchirées, remodelées par la lumière, investir un espace abstrait ou le personnage doit s'imposer en un combat solitaire d'où naît l'émotion.
L'art de Salomon est loin d'être anodin. Il dérange et peut même choquer car il touche ce qu'il y a de plus profond et de plus intime en nous : la souffrance et le désir, la beauté et l'horreur.

Le coup de cœur de Serge-Alban Pischeda,du 14eme Salon Coup de cœur, Beyrouth, 2000 -Catalogue

Throughout his carreer Salomon has maintained a unique and independant vison, exploring the image of the body through light ans space. He can be considered to be in the tradition of the expressionist movement.

Michel Kouliche,Carel Gallery, Miami Beach (Floride)

Une très grande force émane de ces tâches encadrant à la manière d'enluminures un sujet représenté à larges coups de pinceaux. "Je ne sais pas faire autre chose" dit le peintre. La phrase me laisse songeuse. Peut-être est-ce là le vrai sens du mot "vocation".

Lise Gauvin,"Un automne à Paris", Récit – Leméac Editeur - Montréal, 2005

Salomon capture le réel dont il immobilise la trace sensible. Il circonscrit son modèle à partir d'une ligne souple, soudainement interrompue par une césure.
Reprise, elle est menée jusqu'à la ténuité vibrante d'un corps pudiquement offert dans son intimité.
Chez Salomon, la matière picturale s'allège dans la lumière rayonnante. Les aplats transparents introduisent une respiration tandis que les balayages fougueux de terres brunes et d'ocres jaunes, de blancs, submergent en partie le sujet pour un face à face dans lequel la peinture s'impose.
Le miroir sans tain de la toile nous livre l'essentiel de l'interrogation du peintre. La vérité des formes dans l'espace, la lumière dans les pigments, la densité des passages silencieux tissent entre eux des vibrations imperceptibles.
Les nus, comme les objets regroupés en des compositions d'une grande simplicité, imposent leur présence par la magie picturale dont Salomon nous transmet la vérité.

Lydia Harambourg, historienne de l’Art,Préface du carton de vernissage "Salomon, Œuvres récentes," La Capitale Galerie, 2008

Entre la transparence et l'obstacle, entre la fluidité et la résistance du matériau, entre la lumière et l'opacité se situe l'effort du peintre, sa tentative de situer les objets dans l'espace, dans la vibration qu'ils mettent autour d'eux.
Salomon avec autant de passion que d'opiniâtreté s'efforce de retenir, de fixer ces emplacements d'avance indéfinissables ou les couleurs se frôlent et se conjuguent en jouant sans se contrarier, où les formes s'organisent et se disposent selon leur essence colorée et les unes par rapport aux autres.

Georges-Arthur Goldschmidt, écrivain, 2008,Texte du catalogue

La fille punie, 1996, huile sur toile, 100x100 cm, mise en situation

Certains pour leur bonheur ou leur tourment, naissent poètes ou musicien. Salomon est né peintre. Depuis toujours, Jean-Claude Salomon vit avec sa peinture, elle est sa condition humaine, son boulet et sa délivrance.
Il a compris très tôt qu'il n'avait rien de mieux à faire qu'à peindre…
Mais Salomon n'est pas désespéré, il est inquiet, c'est sûr, mais chez lui, l'inquiétude est promesse de lucidité.
Dans la grande explosion de l'art du XX -ème siècle, Salomon a recueilli les morceaux, il les a admirés et comparés, avant d'en venir à lui-même. Il n'a rien méprisé mais rien copié non plus. Salomon est lui-même. Il faut admettre qu'il est unique.

James Gressier, écrivain, 2008,Texte du catalogue

Salomon n'est ni un classique attardé, ni un abstrait en rupture de ban.
Il suffit de voir aussi ses grands arbres dénudés tordant leurs branches dans le ciel, ses nus féminins presque désincarnés et pourtant tellement sensuels, ses natures mortes aux tons chauds, ses grands paysages de Bretagne ou de Normandie...
Salomon est un peintre contemporain dans la vitalité, dans toute la variété et la richesse de son approche de la peinture…

Francine Szapiro, directrice de la galerie Saphir, 2012,Texte du catalogue

Techniques mixtes, mises en situation

La peinture de Salomon structure depuis de nombreuses années notre espace de vie familial.
Ses œuvres ne se mémorisent pas, ne s'expliquent pas.
Elles se redécouvrent chaque jour, pour une émotion à chaque fois renouvelée.
Au fil des années, Salomon va à l'essentiel.
Toujours une lumière et des couleurs qui sculptent les formes.
Une profondeur de champs et des perspectives qui permettent de se projeter dans un autre univers pour obtenir cette liberté de voir, sans à priori, et rêver.
Il nous offre un univers d'équilibre et de force, mais aussi de fragilité et de naïveté.
Le noir a une réelle présence. L'endroit où il ne touche pas la toile blanche est ce vide nécessaire, cette ouverture, cette capacité de ressentir que le visible n'est pas déterminé, mais une construction qui nous renvoie au monde et à nous-même.

Anne et Pierre-Henri Gaudriot, collectionneurs, 2012,Texte du catalogue

Salomon a vieilli, bien vieilli
Son œuvre évolue dans le sens de l'épure. Il simplifie, il efface, il laisse apparaître la toile blanche et crée ainsi une transparence. Ses natures mortes ne sont pas "mortes" : ses objets animés par la lumière, deviennent vivants.
L'émotion est toujours là, que ce soit dans ses nus martyrisés et compassionnels, ou dans ses pots, ses bouteilles, ses fruits si quotidiens.
Il avance, il réfléchit, toujours plus exigeant.

Christiane, son épouse, 2012Texte du catalogue

La femme envahit son espace
Impose ses formes abstraites et trompeuses
Sa matière généreuse
A l'œil caressant
Elle déborde de lumière au-delà de ses lignes
Transperce la toile de sa vérité.

Valérie, sa fille, 2012Texte du catalogue